Un bon golfeur doit avoir un bon régime alimentaire. C’est une vérité établie qui fonctionne aussi avec tous les bons lanceurs de poids mais, étrangement, je n’aborderais pas ce point ici.
Le scramble est une pâtisserie assez délicate à réaliser, mais je vais essayer de vous expliquer comment la réussir.
Important, il est indispensable d’être au moins deux pour cuisiner ce plat. C’est un des petits secrets à connaître.
Les ingrédients :
Prenez deux joueurs, bio c’est mieux. Vous pouvez en chercher autour des practices pour trouver des spécimens de qualité, il en faut des travailleurs. En plus c’est la saison.
Équipement de golf complet avec l’ingrédient indispensable à la touche finale, des tees roses, vous en trouverez dans toutes les bonnes épiceries fines.
Des balles, n’hésitez pas à être généreux, on en a jamais trop…
Bien sûr, un Albatros bien mûr. Pour choisir un bon Albatros, allez sur le terrain, tâter les greens, ils doivent être roulants et pas trop durs, les roughs doivent être bien verts mais résistants pour la cuisson c’est préférable, enfin des fairways ras et doucement ondulés, c’est meilleur pour le goût.
La préparation:
Un Albatros, même et surtout si vous y avez déjà goûté, reste très difficile à cuisiner. Trop de slice quand on remue les bois, pas assez de contact dans le petit jeu, trop d’eau dans les coups de fer et il devient rapidement indigeste.
D’où l’intérêt de le préparer en scramble car il y a au moins un autre cuistot avec vous pour faire mariner un fairway touché, mettre la pointe de régulation qui donnera la consistance sans oublier le putt à la ficelle qui donnera ce parfum sucré si agréable au palais.
Souvent lors de la préparation, vous pouvez avoir du vent, ne vous en faites pas c’est normal, il faut apprendre à composer, un peu de farine va s’envoler mais il en restera toujours assez si vous la travaillez correctement. Vous pouvez avoir aussi de la pluie mais finalement c’est une bonne chose, un bon scramble doit avoir des grumeaux…
Notre première tentative avec Arnaud :
L’Albatros, je l’ai déjà testé sous diverses recettes. Alors, quand Arnaud a trouvé un créneau pour sortir ses ustensiles de cuisine, j’ai sauté sur l’occasion pour lui proposer de le faire en dessert. En plus cela faisait longtemps qu’il n’avait pas cuisiné, un regard neuf me paraissait une bonne idée car depuis quelques temps mes Albatros avaient un petit goût amer et je n’arrivais pas à savoir d’où cela pouvait bien venir.
À noter, le scramble ne se fait bien que dans le plat blanc, pas dans le jaune sinon ce n’est pas assez relevé, trop fade.
Comptez environ trois heures de préparation et une heure de cuisson dite à « l’Amen Corner » c’est comme à l’étouffé mais c’est pas pareil.
Petite vérification des ustensiles au practice et c’est parti. Inutile de tout vous expliquer pas à pas, il y a 18 étapes à faire dans l’ordre, ce serait fastidieux. Il me parait tout de même utile de vous parler d’une part des moments clefs, quand la pâte a bien pris, quand les dosages étaient bons et d’autre part des choses importantes, prises dans la globalité de la recette qui ont rendu ce dessert vraiment succulent.
Une note de +5 pour des cuisiniers amateurs habitués à des +20 sur l’Albatros, ça se déguste avec plaisir…
Globalement :
Très bonne complémentarité au niveau technique, quand l’un ratait, l’autre réussissait, on aurait fait des œufs à la neige, ils ne seraient jamais tombés.
Cela a renforcé le mental, la confiance dans la réussite de l’autre permettant de ne pas remuer le fer trop fort ou de battre les wedges n’importe comment.
Bien sur, il y a eu mimétisme parfois au lieu de complémentarité, mais deux ou trois fois sur 77 coups de spatule et autres, cela ne mérite même pas qu’on s’y attarde.
Bien sur aussi, on pourrait faire un dessert encore meilleur la prochaine fois. L’important aujourd’hui, même si ce fut notre premier scramble, c’est…aujourd’hui.
Chacun a apporté ses forces, ses qualités, ses idées et cela a permit à l’autre de voir une autre façon de cuisiner. Je travaille beaucoup les petites touches, le petit détail qui améliore le tout, Arnaud a su très bien gérer les coupes franches qui donnent d’entrée une bonne entame pour continuer.
Oui, car il y a de la pomme dans un scramble… Et c’est bien de savoir que l’un sait les découper proprement d’entrée quand l’autre saura faire les petites tranches fines à la fin…
Les moments clefs :
Au premier trou, il y a eu un moment important quand bien même il est passé inaperçu. Un par d’école, fairway touché, green en régulation deux putts. 4 coups, une louche de bois, une cuillère à soupe de fer, deux pincées de putt, deux pour l’un, deux pour l’autre. L’augure d’une recette en 77 coups, 38 pour l’un 39 pour l’autre. Ça c’est de la complémentarité ou je n’y connais rien…
Je vous conseille ce genre de dessert si vous butez sur une recette difficile. Cela vous apprend à effacer la cuillère de rough de trop, vous ne retenez que les bons trucs qui donnent du goût.
Comme au 3, bonne louche de fer d’Arnaud pour la régulation sur son trou maudit, il mélangeait beaucoup trop les ingrédients avant. Au 4, régulation pour moi, j’aime de plus en plus ce fer4…
Le 5 pour Arnaud du début à la fin, un excellent dosage. À partir de là, on a senti qu’on pouvait faire un dessert sympa avec ce birdie bien posé. Encore un beau coup de fer à régul au 7 de ma part, l’épluchage des pommes se passait très bien.
Sur le 8, Arnaud et sa spatule en bois magique. Au 9 on rame mais une bonne sortie de bunker avec une pincée de mon lobwedge qui recolle le par, il pleut depuis une heure, c’est le moment de bien préparer la pate. Le 10 comme le 1, comme à l’école.
-1 au départ du 11, la météo n’est pas géniale mais notre confiance est totale, on sent vraiment qu’à nous deux le dessert sera bon quoi qu’il arrive.
Et ça arrive quand même, au 11, puis au 12, manque d’attention mais on ne lâche que le minimum. On passe sans dégât le cap du 13 et du 14, fin de la mise en place, reste à mettre au four…
C’est la cuisson qui est délicate pour ce genre de gourmandise, un bon thermostat est primordial.
Pour être franc, on n’a pas extrêmement bien géré le préchauffage… Ce qui en soit une bonne nouvelle.
Si, en cuisine, la deuxième fois est toujours meilleure que la première.
Trop d’eau au 15, pendant la cuisson ce n’est pas bon. Pas assez de degrés au 16 et au 17.
Mais sur le 18, sortie du plat du four, le scramble d’Albatros a de la gueule et est clairement appétissant, c’est le moment où il faut mettre la garniture, des tees roses, une superstition de cuisinier…
Et là Arnaud s’est fait plaisir avec un eagle première classe !
Je peux vous assurer qu’il avait l’air repus quand on est sorti de la cuisine !
Bon, on fait quoi comme plat la prochaine fois ?
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