mardi 12 novembre 2013

CARNOUSTIE… SAINT ANDREWS…KINGSBARNS… (4/5)



EPISODE 4: SAINT ANDREWS, OLD COURSE…


Nous y voilà…
Mercredi 30 octobre 2013. Le jour du pèlerinage. Nous allons jouer sur le parcours qui symbolise à lui seul l’Histoire du golf.
Nous allons jouer sur le « Old Course ».

Départ 10h40. Trop fébrile pour aller au practice, je vais marcher doucement aux abords du Tee n°1, je vais rester longtemps sur le putting green à coté du départ, je vais prendre mon temps, profiter de chaque instant. Le stress s’en va tranquillement et fait place au bonheur d’être là tout simplement. Sur le parcours qu’enfant je croyais interdit.

Les copains arrivent l’un après l’autre, tout le monde semble être dans le même état d’esprit, les regards se croisent et en disent long, un mélange entre le recueillement du joueur qui sait qu’il va vivre une première fois mémorable et l’excitation de l’enfant qui sait que le plus beau des cadeaux est arrivé…


Il est temps désormais. Les caddies arrivent, nous sommes plusieurs à avoir fait le choix de vivre cette première avec l’aide d’un guide expérimenté. Je me présente à eux et l’un d’eux me choisit, il est jeune et souriant, j’espère que ce choix n’est pas la conséquence d’un bizutage…

Nous parlons de mes points forts, points faibles, distances de jeu, je le laisse me jauger, c’est lui qui sait, moi je vais grimper un Everest qu’il fait tous les jours au petit déjeuner.
Bien entendu, nous n’allons pas laisser passer les classiques de la photographie du touriste golfeur en commençant par une photo de groupe au départ du 1. 

Le ciel est un peu couvert. Le vent est bien présent. Tous les éléments sont rassemblés pour que cette première se passe dans la plus pure tradition écossaise.

J’ai la sensation que nous sommes à la première d’une pièce dramatique dans le plus vieux théâtre du monde. Pour un peu j’attendrais les 3 coups qui signent le début du premier acte tranquillement installé dans un fauteuil au premier rang. Sauf que je viens de me rendre compte que je ne suis pas un spectateur mais que je fais partie de la troupe.
J’espère que je vais me souvenir de mon texte…

Dans le premier départ, avec Paul, Dominique et Duc. C’est à Dominique que revient l’honneur de lancer la première tirade. Tout se passe bien, il a déjà joué cette scène.
Puis vient le tour de Paul, tout se passe bien aussi.


C’est ensuite mon tour.
En fait je ne fais pas partie de la troupe, non. Je suis là pour le casting. Il y a du monde qui regarde. Les compères qui vont suivre, le départ avant est déjà là et comme à chaque fois sur l’Old Course, il y a des spectateurs. Du monde derrière, les copains sur le coté, le hors limite tout le long du fairway à droite, fairway qui s’étale largement à gauche.
J’attendais tellement ce moment et pourtant je ne pense à rien d’autre que mon coup à jouer. Me voila enfin là où j’ai toujours voulu être, je ne rêve plus, en avant dans la réalité.
Drive en fade, sécurité. 

Au tour de Duc de se lancer.
Nous sommes tous sur le fairway, pas de couac, aucun souffleur pour reprendre une réplique, je me dirige vers mon sac, il n’est plus là, c’est quand même dingue ça de profiter de ce moment magique pour me piquer mon sac !
Ah non, c’est vrai, le caddy le porte déjà, il me tend la main pour récupérer le driver.
Nous sommes en route, dans le parcours, on y est pour de vrai, les 18 actes de la pièce nous attendent. J’espère que ce n’est pas une comédie qui va se jouer…


Avec le caddie, nous échangeons beaucoup, il me pose plein de questions sur mon rapport avec le golf, sur les coups que j’aime jouer. Volontairement ou pas, son attitude me fait rentrer dans le jeu et oublier totalement la force émotionnelle du lieu et de l’enjeu.
Même si je veux faire néanmoins une belle carte aujourd’hui, avec le caddie, c’est un coup après l’autre. Et les basiques avant tout. Quel est le dessin du trou, quelle est la stratégie à adopter. Ensuite, quelle est la distance à jouer, comment est le vent, quel est le lie de ma balle, ai-je le choix entre plusieurs solutions de jeu, quelle est celle avec laquelle je suis le plus en confiance.

Bien sur, mon niveau de jeu général, l’émotion de la situation qui réussit parfois à prendre le dessus, font que je ferai des erreurs.
Mais je le savais avant de jouer le premier coup, je l’ai accepté d’avance. Non comme une fatalité mais comme une conséquence logique de notre propre imperfection. 

Oui le fer9 en second coup sur le 1 sera un peu topé et je serai au fond du green dans le fringe, oui il me faudra deux putts après le long et délicat putt d’approche en descente sur le green billard qui ne pardonne aucun à peu près.


D’accord, pas de soucis. Je suis là pour vivre mon rêve avant tout, la compétition d’index ce n’est pas aujourd’hui. Aujourd’hui est le jour où je vais jouer là où tous ceux que j’admire ont déjà joué, j’ai la grande chance de partager pour un temps leur royaume, cela vaut bien quelques mauvais coups parce je sais qu’il y en aura aussi de bons.
Pour le moment, retour dans l’instant plutôt que l’introspection, nous sommes au départ du 2. Je connais le green, nous l’avons regardé longuement en revenant du practice la veille, ses pentes nous semblaient vertigineuses vu de loin.

C’est pas mal aussi vu de près !


Après un drive sur la piste et un coup de fer7 bien touché, la balle fait facilement 20m de trop dans les pentes et il me faut un approche wedge des plus délicates avec encore deux putts ensuite.
Les greens de l’Old Course sont souvent très grands du fait qu’il y a deux drapeaux dessus, certains greens valent pour l’aller comme pour le retour. On y trouve alors deux drapeaux de couleur différente. Il est plus que conseillé de ne pas les confondre car un putt de 3m ici pouvant être une véritable énigme, je vous laisse imaginer quand il en fait 30 !


Ma première joie, mon premier souvenir d’un coup réussi se fera sur le 3. Petit par4 de 337yards où je vais avoir, sur les conseils du caddie qui se révèle un indispensable allié coup après coup, mon 60° à jouer sur l’entrée haute du green, le drapeau étant 15m plus bas. Effectivement ça roule bien 15m une balle lobée au 60° jouée à 50yards !
Premier par, me voila gonflé à bloc, en avant pour le suivant, par4 sous le vent de 411yards, je jouerai un fer8 après un bon drive qui restera devant le green dans une petite cuvette, deux anxieux coups de wedge plus tard j’en ressors avec mon premier triple bogey. Je me doutais bien que je ne saurais me souvenir parfaitement de mon texte et que je butterais sur quelques répliques…


Attaquons donc le premier par5 du parcours qui fait tout de même 514yards de long et s’achève sur un green de 100yards de profondeur. J’écoute religieusement mon caddie et je suis sur le green en deux coups après un bon drive et un bon coup de fer4. Sur le green certes mais le drapeau est dépassé de 30yards au moins, je n’aurais pas trop de trois putts pour finir le trou…

Le 6 sera ma première rencontre avec les fameux minuscules bunkers invisibles du départ, éparpillés un peu partout, parfois même dans le rough. Ils étaient 4, attendant le slice. J’en ai fait un, je ressors avec un double, presque soulagé que ce ne fut pas plus.
Arrive le 7, par4 visuellement court malgré ses 349yards, impressionnant avec son énorme bunker qui siège devant le green. Ici commence le test de la gamme de coups « spécial Links ». Après un bon drive, j’arrive aux abords du bunker, il y a de la longueur de green devant moi mais il faut lever un peu la balle au début, le caddie me propose le coup roulé avec mon hybride, mauvais dosage mais ici même un bon dosage peut créer des surprises, je traverse le green, cela finit en bogey.


Et nous arrivons dans la zone que les fans de jeu de golf virtuel connaissent bien. Après un par3 j’oserais dire « classique » voici les deux fameux par4 très courts et atteignables dès la mise en jeu en fonction du vent. Vent de face sur le 9, il me faudra une approche roulée jouée au fer 6 cette fois et deux putts pour le par mais vent de dos sur le 10 de 311yards et je serais au bord du green pour un putt d’approche et un seul putt derrière pour mon premier birdie sur l’Old Course !

L’aller s’est bien passé, le score de +8 bien sur n’est pas génial d’autant plus que le retour est réputé plus difficile.  Il va falloir rester dans le jeu !

Pour être tout à fait sincère, même si je note chaque coup sur ma carte, je suis loin du stress des chiffres. L’ambiance avec Dominique, Duc et Paul est géniale. Il y a une vraie cohésion avec les caddies avec qui on commence à rigoler franchement, la barrière de la langue et surtout celle de l’accent ayant été franchies. Il est possible qu’ils s’amusent entre eux de certaines de nos erreurs, voir qu’ils aient parié sur nos scores probables mais les conseils sont là, toujours justes, ils savent nous mettre dans l’instant, nous ramener aux basiques indispensables pour réussir les coups choisis.


Nous voici de retour au plus près de la mer avec le par3 du 11 au green partagé avec le 7. La partie gauche qui concerne le par3 de 164yards est une pente imposante, green qui monte que l’on imagine glissant, un petit bunker central en entonnoir placé ici pour récupérer tout ce qui ne tiendra pas sur le green.  Bon coup de fer6, je suis sur le green et n’en redescend pas mais plus haut que le mât et décalé de 6 bons mètres. Je manque le birdie de peu avec un putt que j’ai du jouer au moins 3m vers le haut par rapport à l’horizontale pour retrouver la ligne vers le trou. 
Les greens de l’Old Course sont à eux seuls une bonne raison de faire le voyage !

Nous voici désormais dans la dernière ligne droite, le dernier tiers du parcours revient pas à pas vers le départ, le vent n’est plus notre ami, le temps s’est brutalement couvert par endroits, le plaisir de faire corps avec le décor est de plus en plus prenant.


Le 12, par4 de 304yards fait partie des trous avec fairway en entonnoir et bunker sur le fairway. Le caddie me conseille vivement de ne pas jouer droit sur le fairway, Admiral et Stroke m’y attendent de pied ferme et de sable doux. Oui je vous l’avais dit pour Carnoustie mais à Saint Andrews aussi certains bunkers ont un nom… drive à gauche, PW, deux putts pour le par, le birdie n’est pas passé loin, tout s’est bien passé, le caddie est clairement indispensable pour la première visite et sans aucun doute pour les visites suivantes…

Hein ? Non je n’ai pas dit que j’y retournais, enfin, voyons…

Sur le 13, par4 de 388yards, en plus des bunkers, le trou est coupé par une large bande de rough, le vent de face, il faut s’approcher au plus près pour néanmoins avoir un fer5 à jouer pour le green. Ce ne sera pas assez, putt d’approche et deux putts.


Je vous parlais des petits noms des bunkers, sur le 14, il y en a un qui est connu, le « Hell ». Ce n’est pas le diminutif pour Hello mais bien l’enfer… sur le carnet de parcours, il est bien visible. Sur le parcours il faut arriver à 10m pour le voir… Et comprendre pourquoi le caddie tenait tant à ce que je joue à gauche toute mon second coup, drive et deux coups de fer4, je suis sur le green, un putt qui sort du green, un autre qui ne monte pas assez et revient sur le fairway, comment faire un double bogey quand on est en régulation…


Sur le 15, par4 de 391yards soit avec vent de face, 391m, il y a un bunker qui se nomme « Cottage », oui une maison de campagne tiendrait dedans d’où le choix du nom sans doute… drive, fer4 et putt d’approche, je connais désormais la chanson au titre évocateur « la complainte du bogey »…

Nous sommes tous dans le jeu, dans notre jeu. Pourtant sur chaque trou il y a des regards souriants échangés. Dominique nous fait prendre le temps d’admirer la vue plongeante sur le parcours et la ville au départ du 14. 
Depuis le trou 1 nous sommes recueillis, admiratifs et concentrés à la fois. Chaque coup, grâce au caddie, est une commémoration de l’instant présent. Chaque trou, grâce à son histoire, est une commémoration des héros qui en ont fait un parcours de légende.

Départ du 16, l’hôtel célèbre du départ du 17 est en vue, à portée d’un drive puis d’un fer5 et enfin de trois putts…

Voici le grand final. Le fabuleux trou 17 de 436yards, le vent est à la fois contre et droite gauche, l’hôtel sur notre droite. Notre départ est moins enfermé que pour les pros mais le drive tout droit reste impossible à faire. Je revois de mémoire la vidéo qui montrait les trajectoires des pros qui passaient au dessus en draw ou sur le coté en fade. Je revois aussi le muret derrière le green que Jimenez, l’espagnol au cigare historique, n’a pas hésité à prendre comme une bande de billard pour revenir en arrière sur le green… À mon tour de me lancer sur le monstre.


Je choisis le fade, la balle part très bien, mon caddie est sincèrement heureux, rien n’est plus agréable pour le moral que d’avoir à ses cotés une personne toujours prompte à vous motiver, vous encourager. Dominique a choisi le draw par-dessus et cela passe parfaitement aussi. 

Arrivé sur le fairway, Dominique est plus loin, sa route était la plus dangereuse mais la plus payante. Je constate qu’il me reste plus long pour le green que pour revenir vers le départ. Inutile de prendre de risque, ce sera bois 5 vers le green, le drapeau est caché derrière le bunker, inaccessible en deux coups. Dominique a choisi son option fétiche, driver suivi de driver et ça paye il est à droite du green, moi je suis devant le bunker, il me reste un coup de 60yards. 


Grâce au caddie encore une fois, je vais prendre le temps de jauger la situation et de choisir au mieux le coup à jouer. Un Gapwedge s’avère le plus simple, le rythme est bon, le tempo aussi, pas de ralentissement, ma balle retombe sur le green, derrière le bunker et stoppe net après le second rebond. Il me reste un putt de 3m en descente, pente droite gauche confirmée par le caddie, la balle roule, prend bien la pente et tombe, par !

Pour un peu je danserais une danse écossaise traditionnelle pour fêter le par au 17 mais heureusement pour mon entourage je n’en connais aucune…

Le départ du 18 m’apporte un sentiment partagé entre la joie d’enfant de jouer le final le plus célèbre de l’histoire du golf et la tristesse de constater  que le rêve s’est réalisé si vite. Cette fois encore,  on jouera les 18 trous en à peine 4h…


Il a un peu plu entre la fin du 16 et le départ du 18, je m’en suis à peine rendu compte.


Bien entendu comme le touriste qui se fait prendre en photo devant les monuments parisiens, les deux groupes feront la photo traditionnelle sur le « Swilcan Bridge » !

Le drive était trop timide, le vent de face a fait son travail ensuite, un coup d’hybride pour me retrouver dans la célèbre « Valley of sin », un bon gros putt en montée qui frôle le trou mais va bien loin, deux putts pour finir ce trou et mon premier « Old Course ».

Pour le score, +8 à l’aller et +5 au retour, je suis personnellement très content de ce résultat, surtout pour le retour contre le vent. L’émotion ne m’a pas trop abîmé le swing et cela n’a été possible que grâce au caddie qui a toujours travaillé à me faire rester dans l’instant présent. Je vous conseille d’en prendre un quand vous irez faire votre pèlerinage !


Nous attendons le second groupe de copains, comme à chaque fois il y a des spectateurs pour regarder l’arrivée du 18, arrivée spectaculaire chez eux avec un birdie depuis le bas du green pour Bertrand qui sera largement applaudi !

C’était notre dernier jour à Saint Andrews, une dernière ballade, un dernier shopping et un dernier restaurant.


Demain, nous partons avec tous les bagages pour finir le voyage en apothéose avec le parcours de Kingsbarns…


Il faut que je trouve un dictionnaire des superlatifs d’ici là sinon je risque de ne pas avoir grand-chose à dire…


À suivre et finir !


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