Mettons des mots sur deux maux.
Passion : Émotion très forte qui va à l'encontre de la raison.
État affectif intense et irraisonné qui domine quelqu'un.
Addiction :
Dépendance d'une personne à une substance ou une activité génératrice de plaisir, dont elle ne peut plus se passer
en dépit de sa propre volonté.
Ces définitions font résonner en vous aussi l’impossibilité
de raisonner parfois ?
Soyons honnête, le joueur de golf, vu par les néophytes,
présente des comportements étranges.
De l’extérieur, on pourrait le comparer à un drogué ou (parfois
même et) à ces héros de la littérature dévorés par le feu de la passion.
Comment cela se fait-il ?
Pourquoi le golf, dont les bienfaits pourtant sont vantés
par des études scientifiques vérifiées, nous met dans des situations de
dépendance incontrôlable, nous plonge dans des états de détresse
irraisonnée ?
Comme un drogué qui va passer par l’euphorie du « shoot
» à un « bad trip » infernal. Se jurant de ne plus jamais
recommencer, il va souffrir assez rapidement d’une crise de manque qui le
ramera vers ses démons.
Le golfeur vivra la même chose quand la balle fera
exactement ce qu’il a voulu qu’elle fasse. S’en suivra parfois un bad trip,
quand la balle ne fera pas du tout ce qui était prévu, une fois, plusieurs
fois, tout un parcours, plusieurs parcours. Il clamera alors haut et fort à qui
veut l’entendre que c’est fini, terminé, on ne l’y reprendra plus. Mais le
golfeur, comme le drogué, se ment à lui-même en pensant qu’il maîtrise et
contrôle son addiction.
Il y retournera, car le golf, contrairement à la drogue, apporte
de réels bienfaits sur la durée.
Le golf vous montre ce que vous êtes vraiment, révèle vos
points forts, mais aussi ces points faibles que vous vous acharnez à cacher aux
autres et surtout à vous-même.
Il fera ces choses.
De gré ou de force.
Surtout de force…
Quand le golfeur se ment à lui-même, le golf le plaque
contre le miroir de la brutale vérité.
D’une certaine manière, il est le plus violent des
thérapeutes.
Puis, enfin, arrive le jour où vous acceptez, et ce n’est
pas du défaitisme, bien au contraire, qui vous êtes vraiment. Ce jour-là, vous
ne jouez plus contre vous mais avec vous.
Ce jour-là une forme de paix s’installe en vous.
On le voit sur les visages de nos idoles, ces grands
champions dont la confiance en soi irradie telle une aura bienfaitrice. On
sent, quand on les regarde jouer, qu’il n’y a aucun doute dans leur esprit, que
leurs muscles et leurs pensées vont être à l’unisson et qu’il n’y aura aucune
fausse note dans la mélodie de leur swing.
Et pourtant, parfois, le lendemain, ils ne sont même plus
l’ombre de ce qu’ils étaient la veille…
Nous ne sommes pas des machines, cette harmonie du corps et
de l’esprit, nous ne savons pas, nous ne pouvons pas toujours la conserver.
Mais le golf est une passion et la passion se nourrit
d’obstacles.
Roméo et Juliette, sans l’immense obstacle d’eau que
représentaient leurs familles, n’auraient formé qu’un gentil couple avec une
maison à crédit et pas d’internet ni de smartphone parce que bon,
historiquement parlant, les sms étaient envoyés par pigeons à l’époque. Pigeons
que bouffaient les chats d’où le fait qu’ils aient préféré avoir un chien. Je sais
c’est dur pour les chats mais c’est comme ça.
Car le golf est une quête, une aventure sans fin.
Celle qui fait de nous l’explorateur de nous-même.
On a tous vécu ce moment magique, dont je parle plus haut,
où, devant sa balle, s’est dessinée une trajectoire dans notre esprit, notre
corps s’est préparé à mettre en swing cette trajectoire et l’exécution s’est
déroulée si naturellement, si parfaitement.
À cet instant-là, nous étions en harmonie totale, le corps,
l’esprit avec ce qui nous entoure.
Et on voudrait, on aimerait qu’il en soit toujours ainsi…
Et là les dieux du golf rigolent…
Et les architectes de golf se marrent…
Les premiers ajoutent du vent sur le coup suivant, les
seconds vous insufflent un léger doute sur la distance réelle à parcourir.
Et vous allez aimer ça en plus…
Passionnés par ces obstacles, ces défis sur chaque coup à
jouer.
Et à la fin du parcours, vous retiendrez un coup superbe ou vous
serez dévorés par la rage de ces coups ratés…
Et vous retournerez dès que possible vers l’objet de votre
passion ou vous rangerez de colère votre sac au fond de la cave.
Jusqu’à ce que le manque vous ronge et devienne
insupportable.
Parce qu’on n’abandonne pas une quête qui vous rend meilleur.
Faut vraiment que je soigne cette tendinite, elle me fait
délirer tout seul…
Et vous ?
Passion ? Addiction ? Pas golfeur ?
toujours un bonheur de te lire
RépondreSupprimermerci
zigrit
Toujours un vrai bonheur de lire un commentaire comme celui là :)
SupprimerMerci Zigrit !
Rien à ajouter !!! Superbe ...
RépondreSupprimerMerci Fred ;)
SupprimerT'es trop fort.
RépondreSupprimerCa mérite un livre tout ça ;-)
Merci beaucoup :)
SupprimerAvec bientôt 500 articles il y aurait peut être de quoi sortir 150 pages lisibles et utiles ;)
Plus dur pour les pigeons que pour les chats ;-D
RépondreSupprimerSur le fond, la fragilité de la plénitude apportée par un coup réussi en tout, accentue la violence de la frustration qui peut même confiner au désespoir
En tous cas belle écriture, comme d'habitude
Moetda
Nous sommes construits pour retenir plus longuement les échecs que les réussites, ceci en vue d'améliorer notre expérience, notre résistance.
Supprimerdans l'absolu la réussite ne nous apprend rien sinon valider nos capacités.
merci ;)
En lisant ton article, je me suis dit "pourquoi il parle de moi!!!!!" ;-))
RépondreSupprimerMagnifique article comme toujours.
Ovilmon
Merci mon ami ;)
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