mercredi 24 décembre 2008

LE PETIT PADAWAN…

éric Hemberger


Il y a un gros avantage à connaître des gens de qualité, c’est qu’ils vous recommandent à des gens de qualité eux aussi. Pratique, non ?
Ayant eu depuis quelques semaines une aptitude poussée à l’autodidactisme sauvage et solitaire, je me suis dis qu’il fallait sans doute que je fasse le point sur les bases de mon swing.
Certes l’ensemble est rapide.
Certes la vitesse à l’impact est élevée.
Certes mon index a diminué de moitié en deux mois et demi.





Mais j’ai une tendance poussée, au slice, au push voire au push-slice.
Mais quand je rate, je ne sais pas vraiment pourquoi. Avouez que c’est gênant quand même…
Et quand je réussis un coup, je ne sais pas vraiment non plus pourquoi, je me dis juste que tout s’est bien passé mais que s’est-il passé au juste, allez savoir…
J’ai donc demandé au doc (encore lui ! et bien oui c’est comme ça va falloir vous y faire) s’il ne connaissait pas quelqu’un en île de France qui puisse avoir suffisamment de patience pour gérer un borné, blond de surcroit comme moi…
Miracle il y en a un, à peine à 60km de chez moi…dans la région, on ne compte pas en kilomètres mais en kilominutes d’embouteillage…Pas grave, quitte à se faire critiquer et corriger, autant que cela soit là où personne ne me connait !
Direction Étiolles lundi 22 décembre pour rencontrer le sieur Eric.H, professeur réputé de son état.
Le cours est à 15h, un ami vit à 15mn de ce golf, on se gère un 9 trou vite fait pour 13h. Cela tombe très bien, nous avions envie tout deux, enfin je crois, du moins je l’espère, de jouer ensemble.
Le résultat est inespéré et donc catastrophique, je joue aussi mal que possible, le terrain est très lourd. Au bout de 30m je fais déjà 2cm de plus grâce à la boue qui colle à mes semelles mieux qu’un rémora colle un bide de requin un jour de famine océanique…
Bref, au bout d’un calvaire golfique de deux toutes petites heures, on se retrouve de nouveau devant le practice ou j’ai rendez vous avec El Professore…
On se retrouve, on se salue, le prof est grisonnant mais une sacrée lueur bien vivace dans les yeux lui retire toute capacité à lui donner un âge, il pourrait avoir la quarantaine ou cent ans que je ne serais pas surpris…on dirait Maître Yoda.
Ne me faites pas dire ce que je n’ai pas dis !
Il n’est ni petit, ni vert, ni recroquevillé sur lui-même.
Non, point du tout.
Mais il y a un coté rieur et empli de sagesse dans son regard qui m’a fait penser au grand sage qui sait tout mais ne l’affiche pas.
Au bout d’à peine trente secondes en sa compagnie, je suis totalement déstabilisé. Je veux dire par là que j’ai l’impression de ne jamais avoir tenu un club de ma vie, j’ai l’affreuse sensation qu’il voit un milliard de défauts à la seconde.
Bref je suis carrément à l’aise…
J’essaye d’envoyer des balles l’air détendu en racontant mes débuts golfiques dans un désordre monstrueux, les balles dérivent de façon désespérée vers la droite comme pas voulu mais prévu, à croire que le sorcier m’a jeté un sort pour que tout mes défauts se regroupent en un seul coup… Visuellement cela doit être pitoyable, j’ai honte de l’avoir fait déplacer pour voir ça…
Lui est zen, adossé au mur derrière moi, il regarde en silence, pose une question d’une précision chirurgicale de temps en temps et moi, habituellement grande gueule, je bafouille des réponses genre je push-slice du cerveau…
De pire en pire…
Mais tout semble aller pour lui, rien ne le choque…En même temps j’ai l’impression qu’une baleine en tutu passerait devant pour aller au putting green que ça lui ferait lever qu’un demi-sourcil…
Il observe, c’est tout et moi je change de club toute les vingt sept secondes pour réussir à sortir un swing convenable…
Au bout d’une éternité d’au moins quinze minutes, je sens qu’il bouge. Il va parler. Il a bien regardé et il va parler. J’attends, zen, la baleine à coté est morte de rire et remet son tutu en place.
Le verdict tombe, avec les formes…
Backswing trop en arrière au départ (à partir de 9h pour les techniciens du geste pour ne pas dire trop intérieur) alors forcément tout part en vrille ensuite et je ne reviens square à l’impact (bah oui je connais des mots quand même) que très rarement.
Sauf avec les wedges et les fers courts mais cela s’explique.
Bref, ne rentrons pas dans les détails, mon swing, c’est un peu de moi alors respectons ma vie privée tout de même !
Bref, disais-je avant de m’interrompre moi-même, j’ai un travail bien précis pour le mois à venir. Ce travail est simple, clair, concis et je sais pourquoi je le fais.
Tout ce qu’il me fallait pour progresser…
Cette rencontre a été une révolution pour moi, même si je n’ai qu’un détail à changer (pour le moment, je ne suis pas dupe non plus…) j’ai pris conscience du type de travail qu’il faut faire pour avancer sans heurt.
Il ne va pas me faire entrer de force dans un carcan golfique du style « veuillez swinguer en italique », non. Il a regardé mon swing et cherche le petit point essentiel pour l’optimiser pas à pas.
Et le style Yoda est plus qu’efficace… Car je n’ai pas l’intention d’arriver la prochaine fois sans maîtriser totalement ce point de détail !
Qu’importe le style pourvu que cela marche, non ?

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