Histoire imaginée mais très largement inspirée de faits réels…
Je suis en forme ce matin. Il y a une semaine je faisais mon premier concours d’index et j’ai ramené une carte de 52 points. Me voici déjà en dessous des 50 après un mois et demi de golf.
Je le savais, je le sentais, ce sport était fait pour moi.
Me voici au départ de mon deuxième concours, une petite demi-heure à peine sur le practice. Quelques drives sont partis à droite avec une large courbe mais cela se corrigera sans aucun doute. Pas de putting, je le sens bien le putter, pas la peine.
Je place mon tee, je pose ma balle fraichement marquée d’un large trait rouge qui en fait le tour en mettant cet équateur bien aligné vers la zone du fairway que je veux atteindre. Derrière les arbres sur la gauche, haut et fort. 200m en contre bas de ce dog leg gauche.
Je regarde rapidement, me place, face du club bien derrière la balle, équateur au centre. Je fais mon swing, très vite, je relève la tête un peu tôt pour voir ma fusée partir. Elle part, à droite, haute, sa trajectoire se courbe, un peu, beaucoup.
C’est le crash.
Le starter a crié, il y a un cours sur la gauche.
Je n’ai pas réagis.
Mon tee a totalement disparu.
Mes certitudes un peu.
Je redescends de mon piédestal, prend mon sac et part chercher ma balle, tête baissé. Elle est sur le fairway du compact à droite, elle n’a pas fait 150 m. les élèves me regardent comme un grand benêt qui vient de redoubler.
Encore pas loin de 170m à faire. J’ai mon rescue, arme fétiche. Je l’arme très vite comme pour vite oublier le coup d’avant. Ça part bien, le bruit est sec et beau.
Je garde la pose.
Je ne regarde pas ma balle, j’attends qu’on me regarde. Je fais le coq au milieu des poussins. Le ridicule ne tue plus.
Je ne retournerai pas à la petite école.
À 10m du green. Un 50/50 comme dans la vidéo de « you tube ». Je sors mon pitch. Tranquille, je place ma face en ressentant la visée, sans viser. Leger backswing approximatif, un bruit étrange et désagréable. Ma balle file à moitié dans les airs, à moitié sur le green comme un avion de ligne lancé à pleine vitesse sur une piste d’ULM.
Je dépasse la piste d’atterrissage et m’écrase dans un bunker.
Je regarde mon club, attendant qu’il m’explique. Il n’a rien à me dire.
J’ai les pieds dans le sable, mon sandwedge dans la main gauche, je regarde le drapeau qui semble s’éloigner de plus en plus.
Le sable se disperse sans beauté, une balle molle et triste s’en échappe et se traine sur quelques centimètres sur le green.
Je retourne vers mon sac, je prends mon putter, j’ai hâte d’en finir.
Je marque, je prends, je nettoie, je vise, j’aligne ma marque rouge dans le sens de ma future trajectoire, j’arme, la balle part.
Le dessin de la marque n’est pas une ligne continue, plutôt une sorte de courbe d’électrocardiogramme irrégulière de quelqu’un qui ferait une attaque. Le coup est mal tapé, mal visé, je dépasse encore ce trou de plus en plus minuscule.
Je ne relève plus, me replace, envoie mollement et une balle incertaine se rapproche, encore un coup de grâce de cette garce blanche et rouge.
Mon putter s’enfonce avec rage dans le sac, il ne m’a rien fait mais je m’en fous.
Il y a un truc qui a cloché. Je ne sais pas lequel. Je vais vers le trou2 un par 5. Je vais me refaire.
Le fairway me semble plus étroit qu’avant.
La lumière sans doute.
Je sors mon bois, il a une marque rouge sur la gauche de la face comme une trainée de sang sale. Je frotte avec le pouce mais ça ne part pas. Pièce a conviction d’un tir qui n’en avait pas. Je reste plus longtemps face à ma direction, mais ma tête est vide et ne réussit pas à se remplir de ma future trajectoire, je vais partir dans l’inconnu.
La balle ne décolle pas. Pire, elle rebondit très vite sur la zone d’envol des petits et roule encore un peu.
par pitié sans doute.
Il y a une autre marque rouge, une moitié de marque. Sur le bas de la face.
Trace indélébile d’un coup de débile.
Je vais tout vivre sur ce parcours, toutes les désillusions possibles. 18 parcours de la croix pour avoir oser marcher crânement sur ce monstre vert sans respect, me croyant arrivé alors que je n’étais même pas parti.
Désormais le doute s’est installé en moi.
J’en ai parlé avec un joueur que je connais un peu depuis le parcours, à qui j’avais conté mes exploits de la semaine d’avant pendant qu’on attendait notre départ.
Il m’a sourit doucement. Il m’a dit
« On n’apprend ce que l’on ne sait pas, et toi tu apprends le golf, non ? »
Il a gardé son sourire jusqu’à ce que lui rende, jusqu’à ce que je comprenne…
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