lundi 24 novembre 2008

UN JOUR PROCHAIN (3/3)

TROU1 PAR5 HCP12 460m « final »

Il n’y pas si longtemps, quand ma balle faisait ce grand vol vers le green et retombait dessus, mes yeux s’illuminaient, je prenais une montée d’adrénaline et je réclamais intérieurement au réalisateur un ralenti immédiat pour revoir l’exploit !

Mais surtout je fouillais nerveusement toutes les poches de mon sac pour retrouver ce petit outil de jardinage que l’on achète le premier jour où l’on joue au golfet que l’on utilisera que des mois plus tard, outil indispensable à l’étiquette : le relève pitch.

Et je partais à marche forcée, les clubs se cognaient dans un bruit irritant mais peu importe ! Il me fallait retrouver au plus vite, le fameux trou, que dis-je, le fabuleux cratère que ma balle météorite avait sans aucun doute causé sur le green.

Je marchais donc joyeusement sur les lignes de putts, cherchant avidement le monumental accident géologique, et ne trouvais en général qu’un léger renfoncement où aucun œuf à la coque n’aurait pu tenir.

Mais qu’importe le cratère, j’avais face à moi la preuve palpable que j’avais atteint le green ! Je corrigeais donc, presque à regret, le plan du green et retournais vers ma balle.

Mon relève pitch aujourd’hui est en évidence accroché au sac car je le sors heureusement plus souvent qu’à mes débuts, mais je ne peux m’empêcher de revivre cette joie à chaque fois que je le tiens dans ma main.

Je ne suis pas encore sur le green mais devant, je cherche le creux des yeux. Je fais attention à ma ligne de putt en y allant. Je corrige, tapote du pied et repars en glissant dans ma poche le précieux outil.

Ma balle est à un peu plus de 2m, dans cette distance délicate qui ne fait plus partie des putts courts et ne semble pas encore faire partie des putts longs. Catégorie à part donc dangereuse. Je me place assez loin derrière ma balle, me baisse au maximum pour que mes yeux captent le plus possible les courbes qui coupent la ligne entre le trou et ma balle.

Je la marque, la prend, recule à nouveau, la nettoie avec ma serviette.je vide mon stress.je me retourne et regarde à nouveau pour vérifier ma première impression et l’affiner. Je repose ma balle, reprend ma marque qui ressemble à une punaise de luxe.

« Il n’y a jamais de ligne droite dans la nature si tu sais la regarder » me disait mon grand père.
Je me rends compte aujourd’hui à quel point il avait raison.

Le green est un parcours entier à lui tout seul. Suivant l’endroit où vous arrivez dessus, ce fameux dernier coup théorique ne sera jamais le même quand bien même vous passeriez votre vie sur un unique parcours. À se demander si il n’y a pas deux architectes, un pour le parcours et un autre plus perfide encore pour le green.

La zone séparant ma balle de l’objectif final est plane dans sa globalité, mais une faible dépression les sépare. Ma balle va descendre avant de remonter et cette descente bien que faible me fera partir sur la gauche si je partais en ligne droite. Je dois m’ajuster et je visualise ce qui va se passer dans quelques secondes, le coup du putter, puis la faible accélération, le virage, la remontée et le trou. Sur cette ligne imaginaire il y a un point bien précis, le point où le virage commence, le point de rupture, l’endroit où je dois aller avant tout avec une force bien précise.
Je me relève, me met à l’adresse, un peu en avant, mes bras forment ce triangle que j’ai refusé de faire au début du haut de ma grande expérience mini golfique et je fais mon geste dans le vide, trouvant la bonne force pour avoir la bonne vitesse.

Je place mon putter derrière ma balle. Mes yeux restent sur elle. Leger mouvement arrière, retour en harmonie, ma balle roule. Je ne maitrise désormais plus rien, spectateur de moi-même, je regarde ma balle rouler sur cette ligne que j’avais imaginée quelques instants plus tôt.

« Les jeux sont faits, rien ne va plus »

Il y a dans un coup qui va réussir un moment inoubliable, cet instant où l’on sait que l’on est sur la bonne ligne et que la balle va tomber dans le trou. On regarde la suite avec encore plus de plaisir jusqu’à la disparition finale, jusqu’à ce bruit.

Un bruit, une succession de petits bruits, comme un dé qui tomberait dans un gobelet.

« Les jeux sont faits, tout va bien »

J’ai fais un birdie.
Je me sens léger comme un oiseau…
Je me baisse vers le trou pour récupérer ma balle, je la lance un peu en l’air, elle retombe au creux de ma paume, je la glisse dans ma poche…

Mon regard cherche déjà le départ du prochain trou…

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